Près d’un tiers de notre vie est consacré au sommeil. Nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme, le sommeil n’est donc pas à négliger. Aujourd’hui, nous savons que la réduction du temps de sommeil ou de sa qualité joue sur de nombreuses fonctions. Mais saviez-vous que se coucher à des horaires irréguliers aurait également des conséquences sur le microbiote intestinal ? C’est en tout cas ce qu’une étude britannique récemment publiée laisse entendre.

Le social jetlag : un rythme décalé de sommeil

Le sommeil peut être altéré par de nombreux paramètres, qu’ils soient associés au mode de vie (écrans, travail de nuit…) ou à l’environnement (lumières…). Des travaux ont d’ailleurs mis en évidence que sa perturbation peut avoir des effets néfastes sur différents aspects de la santé :

  • Vigilance
  • Mémoire
  • Reconstitution des stocks d’énergie
  • Production d’hormones
  • Régulation de différentes fonctions
  • Immunité

À cela, s’ajoute désormais un nouveau genre de bouleversement. En effet, de nouvelles données suggèrent qu’un rythme de sommeil décalé entre la semaine et le week-end (ou les jours de congés) pourrait avoir des conséquences sur le microbiote intestinal.

Ce changement de rythme est introduit par le terme de « social jetlag », soit décalage horaire social en français. Près de 40% de la population serait concernée.

Il est défini comme une différence d’une heure ou plus de sommeil entre les jours avec et sans travail.  En d’autres termes, cela s’explique par un coucher et lever plus tardifs le week-end dans le but de profiter des soirées. Néanmoins, la qualité de sommeil est modifiée, le rendant moins réparateur.

Peu de données existent sur les effets sur la santé d’un tel chamboulement. C’est pourquoi une équipe anglaise a mené une étude clinique afin de les décrypter.

Une étude clinique rassemblant près de 1000 personnes

Dans une étude de cohorte, des chercheurs du King’s College ont recruté 934 adultes en bonne santé, dormant en moyenne 7 heures par nuit en semaine. Ils ont ensuite distingué deux groupes :

  • Les personnes dormant plus le week-end par rapport à la semaine (environ 1h30 en sus),
  • Celles dont le rythme restait inchangé.

Après analyse des selles, des marqueurs cardiométaboliques et du régime alimentaire des participants, décaler son sommeil d’1h30 le week-end troublerait :

  • Le rythme circadien
  • L’alimentation, en termes d’habitudes et de qualité (consommation de denrées moins saines, plus sucrées, moins diversifiée en réduisant les portions de fruits et d’oléagineux)
  • Le microbiote intestinal, qui apparaît dysbiotique. Ainsi, seules 90 minutes de sommeil en plus le week-end permettraient de développer des bactéries nocives productrices de toxines (dont des Clostridia et des Peptococcaceae) et de réduire la proportion de bonnes bactéries. Et ceci découlerait de la mauvaise alimentation.

À noter que les chercheurs précisent que les Clostridia et les Peptococcaceae seraient associées à certaines pathologies telles que l’obésité et les maladies cardiométaboliques. Elles contribueraient également au développement de l’inflammation et d’accidents cardio-vasculaires.

Ainsi, les chercheurs recommandent de ne pas décaler son sommeil entre la semaine et le week-end afin de préserver sa santé.

LC

Références

Image : Freepik

BERMINGHAM KM, STENSRUD S, ASNICAR F, VALDES AM, FRANKS PW, WOLF J, HADJIGEORGIOU G, DAVIES R, SPECTOR TD, SEGATA N, BERRY SE, HALL WL. Exploring the relationship between social jetlag with gut microbial composition, diet and cardiometabolic health, in the ZOE PREDICT 1 cohort. Eur J Nutr. 2023