Des microbiotes équilibrés pourraient-ils être le secret pour vieillir en bonne santé ?
Quelles sont les modifications observées lors du vieillissement du microbiote intestinal ?
L’intestin est l’un des organes les plus gravement touchés par le vieillissement.
Divers aspects du vieillissement affectent le microbiome intestinal :
- Diminution de l’appétit ;
- Baisse de la production d’acide gastrique ;
- Abaissement de la production des enzymes digestives ;
- Réduction de la fonction barrière intestinale ;
- Augmentation de la prise de médicaments, notamment d’antibiotiques.
Ces phénomènes influencent l’état du microbiote et sont associés à une fragilité accrue, une augmentation de l’inflammation et un potentiel élevé d’avoir des troubles intestinaux (constipation, ballonnements…).
Généralement, les bactéries protectrices telles que les Bifidobactéries diminuent dans l’intestin avec l’âge. En effet, ces dernières ne représentent plus que 5% du microbiote des personnes âgées (contre 90% chez le nouveau-né).
Ces bactéries lactiques sont pourtant bénéfiques pour l’équilibre du microbiote intestinal.
Du fait de cette baisse, des microorganismes potentiellement nocifs peuvent proliférer comme Escherichia, Legionella, Salmonella. Ils peuvent provoquer des troubles gastro-intestinaux (diarrhées, nausées, vomissements…) souvent accompagné de fièvre.
Par ailleurs, la quantité de la bactérie intestinale commensale Akkermansia muciniphila diminue lorsque nous avoisinons les 80 ans. Elle est pourtant essentielle au maintien d’une bonne santé. En effet, elle soutient l’immunité, l’intégrité de la barrière intestinale et produit des acides gras à chaines courtes (AGCC).
Quelles sont les conséquences de ces changements ?
De manière globale, les principales caractéristiques du vieillissement sont l’immunosénescence, définie comme le déclin du système immunitaire inné et adaptatif, et un déséquilibre de la balance pro/anti-inflammatoire qui entraine une inflammation chronique de bas grade appelée inflammaging.
L’immunosénescence, l’inflammaging et les modifications du microbiote intestinal favorisent la fragilité de l’organisme et sont associées à certains états pathologiques :
- Déclin cognitif,
- Maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson),
- Diabète de type 2,
- Troubles métaboliques,
- Maladies cardiovasculaires,
- Cancers…
Les autres microbiotes subissent-ils également ce vieillissement ?
Microbiote vaginal
A la ménopause, avec la chute des hormones féminines, la composition du microbiote vaginal,principalement dominé par les Lactobacilles (environ 90%), est largement modifiée. Une baisse des Lactobacilles est observée (10 à 100 fois moins), ce qui conduit à une modification du pH vaginal. Le microbiote vaginal passe d’une acidité protectrice à une basicité qui favorise la colonisation par des pathogènes et augmente la sensibilité aux infections (comme la vaginose bactérienne, la candidose vulvo-vaginale…).
Microbiote urinaire
Chez la femme adulte, la flore commensale urinaire est aussi majoritairement composée de Lactobacilles (50 %). En moindre mesure, elle abrite également des Bifidobactéries (12 %) et Escherichia coli (2%). Cette dernière peut devenir pathogène si elle prolifère au détriment des bactéries bénéfiques. Les scientifiques observent avec l’âge une diminution des Lactobacilles et par conséquent, une plus grande fréquence des problématiques du tractus urinaire comme :
- De l’incontinence ;
- Une vessie hyperactive ;
- Des infections urinaires (comme par exemple, les cystites).
Les hommes peuvent également connaître au cours de leur vie des altérations de leur microbiote urinaire.
Une dysbiose du microbiote au niveau de l’urine et des sécrétions prostatiques pourrait entrainer une hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Il s’agit d’une augmentation de la taille de la glande, causée par une prolifération des cellules prostatiques. Cette affection est non cancéreuse. Cependant, cette dysbiose pourrait également favoriser son développement voire sa progression en cancer.
Microbiote respiratoire
De même, le microbiote respiratoire évolue avec l’âge, toujours dans le sens d’une baisse de la diversité, rendant les personnes âgées plus sujettes aux infections respiratoires, telles que la grippe ou le rhume. Cela s’explique notamment par l’immunosénescence. Elle entraine une fragilité des systèmes respiratoire et immunitaire sur le long terme.
Microbiote cutané
Enfin, avec l’âge, le microbiote cutané évolue vers une baisse de diversité du fait de l’augmentation du pH de la peau. Cette modification cutanée entraine :
- Problèmes de cicatrisation ;
- Fragilité de la peau ;
- Sécheresse cutanée.
Comment agir contre le vieillissement du microbiote et ses conséquences ?
Des études ont montré que suivre un régime méditerranéen traditionnel à long terme provoquerait un changement sain et stable du microbiote intestinal, en augmentant les microorganismes bénéfiques chez les personnes âgées.
La consommation de probiotiques et de prébiotiques peuvent également agir positivement sur l’écologie intestinale, ce qui :
- Favorise le maintien d’une barrière intestinale saine,
- Améliore les réponses immunitaires,
- Augmente le taux d’A. muciniphila,
- Réduit l’inflammation chronique (inflammaging), fréquente chez les personnes âgées.
Une supplémentation en Lactobacilles et Bifidobactéries pourrait être recommandée afin de rééquilibrer et maintenir ses écosystèmes microbiens.
Prendre soin de tous ses microbiotes peut s’avérer essentiel afin de vieillir en bonne santé. Des solutions prébiotiques, probiotiques, postbiotiques existent pour vous accompagner et améliorer votre bien-être.
Références
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