Environ 3 millions de Français seraient touchés par l’infertilité, dont 30% serait d’origine masculine. Au niveau mondial, cela concerne un couple sur six. Une récente étude suspecte le microbiote du sperme d’être une cause d’infertilité masculine.

Infertilité masculine : définition, causes et chiffres clés

« L’infertilité est une affection du système reproducteur masculin ou féminin définie par l’impossibilité d’aboutir à une grossesse, après 12 mois ou plus de rapports sexuels non protégés réguliers » (OMS*).

 

On estime aujourd’hui que 30% des cas d’infertilité seraient d’origine masculine.

 

L’infertilité masculine est causée par différents phénomènes comme : 

  • Obstruction de l’appareil reproducteur causant des dysfonctionnements de l’excrétion du liquide séminal ;
  • Troubles hormonaux, particulièrement de la testostérone qui régule la production de spermatozoïdes ;
  • Incapacité des testicules à produire des spermatozoïdes, notamment à cause de certains médicaments qui altèrent les cellules productrices de spermatozoïdes ;
  • Anomalie de la fonction des spermatozoïdes et de leur qualité (morphologie, motilité…).

 

Cependant, dans un tiers des cas d’infertilité masculine, les causes restent sans explication.

 

Entre 1973 et 2011, chez les hommes d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, le nombre de spermatozoïdes a baissé de 50 à 60%. C’est pourquoi, les médecins prescrivent une analyse du sperme, appelée spermogramme, en cas de doute sur une infertilité.

 

Une récente étude incrimine le microbiote spermatique dans l’infertilité masculine

Le sperme est loin d’être stérile. En réalité, il abrite un microbiome diversifié, avec des bactéries telles que : Enterococcus faecalis, Staphylococcus epidermidis, Corynebacterium tuberculostearicum et Lactobacillus iners.

 

Dans une récente étude, publiée dans la revue Scientific Reports, les scientifiques ont analysé la composition du microbiote spermatique de 73 hommes. Ils ont couplé cette analyse microbienne à un spermogramme, permettant d’examiner le nombre, la vitalité, la morphologie et la mobilité de leurs spermatozoïdes.

 

Après examen, les hommes possédant un spermogramme anormal avaient une composition bactérienne différente du microbiote spermatique des hommes sains :

  • Pour ceux avec une concentration anormalement faible en spermatozoïdes, deux bactéries appartenant aux Pseudomonas ont été retrouvées en plus forte abondance (Pseudomonas fluorescens et Pseudomonas stutzeri).  Les chercheurs ont également mis en évidence une baisse de la concentration de Pseudomonas putida chez ces hommes.

 

  • Globalement, les hommes avec une analyse de sperme atypique, avaient une bactérie spécifique : Lactobacillus iners en plus forte abondance. Elle était en quantité plus importante chez les hommes avec des spermatozoïdes à mobilité réduite. En effet, elle représentait 9,4% des bactéries du sperme contre 2,6% chez les hommes sains sans problème de fertilité.

 

Des résultats similaires ont été démontrés chez les femmes souffrant d’infertilité. En effet, dans une précédente étude, Lactobacillus iners était associée à un faible taux de réussite des PMA**. Son effet négatif s’expliquerait par sa production d’acide lactique, favorisant l’inflammation, ce qui pourrait nuire à la motilité des spermatozoïdes.

 

Selon leurs conclusions, ces microorganismes influenceraient positivement ou négativement la fertilité des hommes. Ils pourraient notamment impacter les caractéristiques des spermatozoïdes telles que leur nombre ou leur mobilité.

 

Même s’il ne s’agit que de corrélations, ces premiers résultats suggèrent néanmoins que rétablir l’équilibre du microbiome spermatique pourrait jouer un rôle dans la qualité du sperme et donc dans la fertilité masculine.

 

Références

*OMS : Organisation Mondiale de la Santé

**PMA : Procéations Médicalement Assistées

OSADCHIY V, BELARMINO A, KIANIAN R, SIGALOS JT, ANCIRA JS, KANIE T, MANGUM SF, TIPTON CD, HSIEH TCM, MILLS JN, ELESWARAPU SV. Semen microbiota are dramatically altered in men with abnormal sperm parameters. Sci Rep. 2024, 14(1):1068.

PP