Le microbiote intestinal participerait au développement du syndrome des ovaires polykystiques selon une étude scientifique.

Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?

Le syndrome des ovaires polykystiques est une maladie hormonale affectant un grand nombre de femmes. Près de 5 à 10% des femmes en sont atteintes.

Cette pathologie se caractérise par une sécrétion excessive d’androgènes (comme la testostérone) au niveau des ovaires, ce qui perturbe la production des ovules. Au lieu d’être libérés au moment de l’ovulation, les ovules se transforment en kystes qui s’accumulent dans les ovaires. Bien que très variables, les principaux symptômes cliniques relevés sont des anomalies du cycle menstruel (absence ou irrégularité, pouvant être à l’origine d’infertilité), une hyperpilosité, de l’acné voire même une alopécie. Ce syndrome se manifestant généralement à l’adolescence, s’accompagne couramment de surpoids ou d’obésité et est associé à un bon nombre de pathologies comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires etc…

Bien que les mécanismes ne soient pas connus, il semblerait que la maladie soit multifactorielle. Elle dépendrait de la génétique, du mode de vie, de l’environnement intra-utérin… et du microbiote intestinal.

Mise en place d’une étude clinique

Le Pr Melanie Cree Green de l’Hôpital pour enfants du Colorado, et son équipe ont cherché à mettre en évidence un lien entre le microbiote intestinal et le développement de ce trouble.

Pour ce faire, ils ont suivi 58 adolescentes souffrant d’obésité pour comparer les différences de composition et de diversité de microbiote intestinal. Deux groupes ont été formés : le premier regroupant les jeunes filles atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et le second, celles qui n’en souffrent pas.

Grâce à la récolte des selles des participantes, les chercheurs ont analysé les différences de microbiote intestinal par :

  • l’α-diversité, correspondant à la diversité d’un échantillon unique. Le nombre d’espèces est par exemple, un indicateur d’α-diversité ;
  • et la β-diversité, consistant à mesurer la diversité des espèces entre les échantillons.

Quel lien avec le microbiote intestinal ?

Sans surprise, le microbiote semble bien impliqué dans le syndrome des ovaires polykystiques.

En effet, les participantes avec un SOPK montraient une α-diversité significativement plus faible comparée à celles sans SOPK. Néanmoins, la richesse en espèces était similaire entre les groupes.

Autre résultat intéressant : la β-diversité différait entre les groupes. Comparées aux adolescentes sans SOPK, celles avec un SOPK présentaient des abondances relatives :

  • plus élevées en Actinobactéries, plus faibles en Bacteroides et similaires en Firmicutes et Protéobactéries au niveau des phyla ;
  • plus élevée en Streptococcaceae et plus faible en Bacteroidaceae et Porphyromonadaceae au niveau des familles ;
  • une différence en Bacteroides, Prevotella, Finegoldia, Lactobacillus, Parabacteroides et Roseburia au niveau des genres.

Le profil bactérien retrouvé dans les selles des adolescentes avec un SOPK est donc bien différent de celui des jeunes filles sans SOPK. Il est considéré comme étant en dysbiose, suggérant un microbiote intestinal altéré.

Ces bactéries « malsaines » étaient liées à des concentrations plus élevées de testostérone mais aussi à des marqueurs de complications métaboliques (pression artérielle plus élevée, inflammation du foie et taux important de triglycérides à titre d’exemples).

L’auteure principale de ces travaux, Pr Melanie Cree Green, conclut : « le microbiome intestinal peut jouer un rôle dans ce trouble hormonal et les complications métaboliques associées. Ces changements peuvent être observés chez les adolescentes qui sont au début de la maladie ».

 

Des études complémentaires sont à réaliser pour confirmer ces résultats et envisager de nouvelles stratégies comme l’utilisation de probiotiques, pour soulager ce syndrome.

Le microbiote intestinal semble une nouvelle fois prouver sa grande implication dans notre santé.

LC

Références

JOBIRA B, FRANK DN, PYLE L, SILVEIRA LJ, KELSEY MM, GARCIA-REYES Y, ROBERTSON CE, IR D, NADEAU KJ, CREE-GREEN M. Obese adolescents with pcos have altered biodiversity and relative abundance in gastrointestinal microbiota. J Clin Endocrinol Metab. 2020, 105(6) :e2134-2144

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