Une récente étude apporte de nouvelles données sur le microbiote du pénis. Elle révèle que les bactéries présentes dans l’urètre masculin proviennent de deux sources distinctes, dont l’une est propre aux hommes ayant des rapports sexuels vaginaux.

L’urètre n’est pas épargné, et comme bon nombre d’organes, il est colonisé par des micro-organismes. Cependant, il est possible de distinguer non pas un, mais deux microbiotes au sein du pénis. C’est dans une étude parue le 21 mars 2023 dans Cell Reports Medicine portant sur 110 hommes que les résultats révèlent la présence de bactéries dans l’urètre masculin, issues de deux sources différentes.

Ces deux microbiotes, nommés dans l’étude UT1 et UT2 pour Urétrotypes 1 et 2, diffèrent notamment en termes de composition.

Microbiote du pénis UT1 : le microbiome de base

Selon les chercheurs, l’urètre de l’homme abrite généralement un microbiome de base caractéristique.

Celui-ci est localisé à l’extrémité du pénis et se compose en majorité de bactéries aérobies, c’est à dire, capables de se développer en présence d’oxygène.

Ainsi, la plupart des échantillons prélevés montrent une composition bactérienne simple, homogène et peu diversifiée. En effet, le microbiote UT1 est principalement constitué de Corynebacterium et de Streptococcus, avec une abondance marquée en S. mitis.

Microbiote du pénis UT2 : le microbiome dépendant des rapports

D’après l’étude, ce microbiome dépend de l’activité sexuelle de l’homme. Les effets des différents types de relations sexuelles (vaginales, orales et rectales) ont été étudiés.

Ainsi, les hommes ayant eu des rapports sexuels vaginaux ont développé une deuxième communauté bactérienne, localisée un peu plus profondément dans l’urètre.

Comparativement au microbiote analysé dans l’UT1, la communauté bactérienne serait plus :

  • Riche,
  • Complexe,
  • Diversifié,
  • Anaérobie.

Les espèces observées dans cet urétrotype sont par ailleurs celles couramment trouvés chez les femmes atteintes de vaginose bactérienne telles que Gardnerella vaginalis, ce qui suggère qu’elles colonisent les hommes en bonne santé à partir de leurs partenaires féminines.

Ainsi les bactéries associées à la dysbiose vaginale ne sont détectées que chez les hommes ayant des rapports sexuels vaginaux.

La vaginose bactérienne, une possible IST* transmissible par l’homme ?

Actuellement non considérée comme tel, les chercheurs émettent pourtant cette hypothèse d’après les résultats obtenus. En effet, il est possible de détecter l’influence du microbiote vaginal sur le microbiote pénien jusqu’à 60 jours après le rapport. Selon eux, ceci pourrait expliquer la transmission de ces bactéries auprès des différentes partenaires et ainsi causer la vaginose bactérienne.  

Néanmoins, des études complémentaires sont nécessaires pour valider ou invalider ces résultats.

LC

Références 

*Infection Sexuellement Transmissible

Image : Freepik

TOH E, XING Y, GAO X, JORDAN JJ, BATTEIGER TA, BATTEIGER BE, VAN DER POL B, MUZNY CA, GEBREGZIABHER, WILLIAMS JA, FORTENBERRY LJ, FORTENBERRY JD, DON Q, NELSON DE. Sexual behavior shapes male genitourinary microbiome composition. Cell Rep Med. 2023, 4(3):100981