L’alcool participe à de nombreux évènements conviviaux : il y a souvent une bonne raison pour trinquer ! Cependant, il semblerait que nous ne soyons pas tous égaux quant à ses effets… Et nous ne développerons pas non plus les mêmes troubles.

Et ceci dépendrait en partie de la composition du microbiote intestinal. C’est en tout cas ce que révèle une étude récente.

Une étude clinique qui pointe le rôle du microbiote dans la consommation d’alcool

Une équipe de chercheurs de l’Université Complutense de Madrid s’est intéressée au rôle que le microbiote intestinal pouvait potentiellement jouer dans la consommation d’alcool. Pour cela, 507 étudiants ont participé à l’étude. Ils avaient pour missions :

  • De répondre à un questionnaire sur leurs habitudes : le type d’alcool consommé, la quantité et la durée de la consommation. En fonction des réponses obtenues et le poids des volontaires, les chercheurs ont estimé les grammes d’alcool par kilogramme de masse corporelle consommés par semaine ;
  • De fournir leurs matières fécales pour étudier la forme et la consistance des selles selon l’échelle de Bristol* ; et pour analyser la composition du microbiote intestinal.

Selon les résultats, « une forte consommation épisodique d’alcool est associée à un phénotype de type de selles », le phénotype de type 1 plus précisément. En d’autres termes, cela signifie qu’une forte consommation d’alcool a été associée à la constipation. (Les selles sont très dures, sous forme de petites billes détachées comparables à des noisettes). Par ailleurs, les chercheurs ont également observé une forte augmentation de l’abondance des Actinobactéries chez les personnes consommant régulièrement et en grande quantité de l’alcool.

Cause ou conséquence ?

En parallèle, les scientifiques ont réalisé une série d’expériences sur des rats pour comprendre si les modifications du microbiote intestinal sont dues à une consommation d’alcool excessive ou si au contraire, le microbiote serait responsable d’une consommation accrue.

80 rats ont participé à différents tests.

Le premier consistait à transplanter le microbiote intestinal de rats dépendants ou non à l’alcool à des souris témoins. La transplantation fécale de rats alcoolodépendants à des rats témoins a augmenté chez ces derniers leur consommation volontaire d’alcool.

Le deuxième test consistait à administrer un cocktail d’antibiotiques, reconnu pour appauvrir la population bactérienne du microbiote. La prise de ces médicaments a permis d’inverser la tendance en réduisant la consommation d’alcool.

 

Ces résultats encourageants ouvrent la voie à des recherches prometteuses. Ceux-ci pourraient notamment apporter des débuts de réponses pour soulager les personnes souffrant d’alcoolisme. Les chercheurs envisagent la possibilité de les aider notamment en les supplémentant en probiotiques, prébiotiques ou symbiotiques pour notamment améliorer leur confort digestif.

De nouvelles études devront cependant être réalisées, notamment pour identifier plus précisément les bactéries en cause dans le lien entre microbiote et consommation excessive d’alcool.

LC

Références

*Classification répartissant les selles humaines selon 7 types, en fonction de leur apparence (couleur, forme) et leur consistance. Il s’agit d’un outil de diagnostic rapide de la constipation et de la diarrhée.

Les types :

  • 1 et 2 sont associés à une constipation ;
  • 3 et 4 correspondent à un transit normal ;
  • 5 montrent une tendance à la diarrhée ;
  • 6 et 7 indiquent une diarrhée.

SEGOVIA-RODRIGUEZ L, ECHEVERRY-ALZATE V, RINCON-PEREZ I, CALLEJA-CONDE J, BUHLER KM, GINE E, ALBERT J, HINOJOSA JA, HUERTAS E, GOMEZ-GALLEGO F, BRESSA C, RODRIGUEZ DE FONSECA F, LOPEZ-MORENO JA. Gut microbiota and voluntary alcohol consumption. Transl Psychiatry. 2022, 12(1):146

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