C’est en s’inspirant de la transplantation ou greffe fécale qu’une équipe de scientifiques américains souhaite développer la transplantation de microbiote vaginal. Le but ? Aider les femmes souffrant de vaginose bactérienne.

Qu’est-ce que la vaginose bactérienne ?

15 à 20% des françaises ont déjà été atteintes de vaginose bactérienne. Vous en avez peut-être déjà souffert.

Il s’agit d’une infection vaginale très commune liée à une dysbiose du microbiote vaginal. Elle se contracte notamment lorsque le pH vaginal devient trop alcalin. D’origine multi-microbienne, elle se caractérise par une forte croissance de bactéries comme Gardnerella vaginalis au détriment des bactéries bénéfiques constituant le microbiote vaginal. 

Souvent asymptomatique, et de ce fait négligée, la vaginose bactérienne se développe et entraîne chez les femmes un inconfort se traduisant par des démangeaisons et des pertes vaginales malodorantes. Il est possible de la traiter avec des antibiotiques, néanmoins elle peut récidiver. 

Pour en savoir plus sur le microbiote vaginal et les infections intimes.

Les débuts d’une idée prometteuse

Depuis plusieurs années, les transplantations de microbiote fécal ont montré des résultats probants sur le rééquilibre du microbiote intestinal. C’est en partant de ces données que les scientifiques américains ont décidé de transposer cette idée au niveau de l’intimité féminine avec la transplantation de microbiote vaginal. Leur hypothèse : si les greffes de selles aident à retrouver un microbiote intestinal sain, les greffes de bactéries vaginales pourraient aider à retrouver un microbiote vaginal sain. Et de ce fait, permettrait de trouver une solution durable pour éviter les vaginoses bactériennes.

Mais qu’est-ce qu’un microbiote vaginal sain ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont testé le microbiote vaginal de 20 femmes âgées de 25 à 35 ans afin d’établir le profil bactérien vaginal idéal. Ainsi, les échantillons contenant une grande quantité de Lactobacillus crispatus semblent être les meilleurs. En effet, ils ont une plus forte teneur en acide lactique, ont un pH faible et sont plus résistants aux infections.

Une étude clinique à venir sur les transplantations de microbiote vaginal

Maintenant que le profil des donneuses est trouvé, les chercheurs vont pouvoir tester leur hypothèse. Ils ont obtenu l’aval des autorités de santé américaines pour poursuivre leurs recherches. Une étude clinique devrait être lancée sur 40 femmes ayant eu une vaginose bactérienne. Les volontaires recevront soit un don de microbiote sain soit un placebo. Les donneuses devront s’abstenir d’avoir des relations intimes pendant au moins 30 jours avant le prélèvement. Pour éviter toute forme de contamination, les femmes se feront dépister de toute IST (Infections Sexuellement Transmissibles), dont le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine). Le don se fera par auto-prélèvement à l’aide d’un disque en plastique flexible.

Cette piste prometteuse pourrait aider bon nombre de femmes sensibles aux infections vaginales. Nous restons sur le qui-vive pour faire état des résultats. Affaire à suivre…

LC

Référence

DELONG K, BENSOUDA S, ZULFIGAR F, ZIERDEN HC, HOANG TM, ABRAHAM AG, COLEMAN JS, CONE RA, GRAVITT PE, HENDRIX CW, FUSCHS EJ, GAYDOS CA, WELD ED, ENSIGN LM. Conceptual design of a universal donor screening approach for vaginal microbiota transplant. Front Cell Infect Microbiol. 2019, 9:306