Comparaison d'une peau jeune et d'une peau matureSelon les résultats d’une étude récemment publiée, il existerait une corrélation entre la quantité de collagène d’une peau mature et la composition microbienne du microbiote cutané.

 

La peau, un organe multifonction

Véritable terrain d’échanges entre les environnements intérieur et extérieur, la peau est l’organe le plus étendu et le plus lourd du corps humain.

Composée de trois couches (l’épiderme, le derme et l’hypoderme), elle possède des fonctions essentielles telles que la sensorialité, la synthèse de molécules ou un effet barrière.

Une peau saine est élastique, lisse et résistante. Néanmoins, la pollution, les rayonnements UV, une mauvaise alimentation, les germes peuvent la fragiliser. De même, il existe une responsabilité génétique.

Avec l’âge, la peau perd en élasticité et en fermeté, elle s’amincit, car la production de collagène et d’élastine diminue au fur et à mesure des années. Apparaît alors une peau marquée, ridée, affaissée et irrégulière.

La peau possède son propre microbiote

Elle abrite à sa surface (au niveau de l’épiderme), des millions de microorganismes vivants par centimètre carré. Ces derniers composent le microbiote cutané.

Il existe différentes niches écologiques où leur nombre et diversité varient, dépendants des conditions du milieu. Par exemple, la population microbienne présente sur la peau des mains sera différente de celle présente au niveau des aisselles.

Ce microbiote remplit de nombreuses fonctions essentielles à la protection de l’organisme. En effet, il :

  • Constitue une première barrière en limitant la colonisation de germes pathogènes ;
  • Forme et module le système immunitaire de la peau ;
  • Influence le pH cutané grâce à la synthèse lipidique ;
  • Régule la formation, la réparation et la fonction épidermique.

Comme tout microbiote, des facteurs environnementaux et propres à l’individu, y compris les changements physiologiques inhérents au vieillissement de la peau, peuvent le modifier et avoir des impacts sur l’hôte.

Une étude pour comprendre le lien entre microbiote et vieillissement de la peau

Dans le but de comprendre si le microbiote cutané est en lien avec le vieillissement de la peau, un groupe de chercheurs français et américains ont mené une étude clinique à deux bras.

Les scientifiques ont conscience que le sexe, l’origine ethnique, la géographie et l’état de santé peuvent affecter la composition du microbiote et représenter des facteurs de confusion. C’est pourquoi, ils se sont limités à étudier la peau du visage de 51 femmes en bonne santé de la région parisienne :

  • 26 jeunes femmes de 20 à 26 ans,
  • et 25 plus âgées de 54 à 60 ans.

Ils ont à la fois recueilli des paramètres biophysiques des volontaires et utilisé une méthode de séquençage métagénomique pour caractériser l’ensemble des espèces et gènes du microbiote cutané.

Des microbiotes différents selon l’âge

Les résultats ont montré des différences notables dans la composition microbienne du visage en fonction de l’âge mais également concernant les gènes de résistance aux antibiotiques.

Cutibacterium acnes était l’espèce bactérienne dominante chez l’ensemble des femmes, suivie par Staphylococcus epidermidis et Corynebacterium kroppenstedtii.

Cependant, les jeunes femmes comparées aux femmes matures avaient :

  • Une proportion significativement plus élevée de C. acnes;
  • Des proportions modérément plus faibles de S. epidermidis et C. kroppenstedtii,
  • Une diversité alpha plus faible.

La diversité alpha serait moins importante chez les jeunes femmes du fait de la dominance plus élevée de C. acnes, réduisant ainsi la place pour le développement d’autres espèces bactériennes.

Les chercheurs ont ensuite vérifié si la différence de diversité observée entre les groupes d’âge pouvait être attribuée aux paramètres biophysiques de la peau. Selon eux, « le vieillissement diminue la production de collagène, ce qui pourrait entraîner une diminution de l’abondance de C. acnes et, par conséquent, une augmentation de la diversité des espèces ».

 

Ils concluent que « les traits biophysiques de la peau, en particulier le coefficient de diffusion du collagène, sont associés à la composition et au potentiel fonctionnel du microbiome cutané ».

LC

Références

Image : Freepik

ZHOU W, FLEMING E, LEGENDRE G, ROUX L, LATREILLE J, GENDRONNEAU G, FORESTIER S, OH J. Skin microbiome attributes associate with biophysical skin ageing. Exp Dermatol. 2023, 32(9) :1546-56