C’est un fait, la grossesse entraîne des modifications endocriniennes, métaboliques et immunologiques majeures. Néanmoins, saviez-vous que les bactéries que vous abritez vont également être impactées ? Et ce, au niveau intestinal, vaginal ou placentaire ?  

La grossesse impacte le microbiote intestinal…

Le microbiote intestinal connaît un certain remaniement tout au long de la grossesse : la diversité bactérienne ainsi que la richesse diminuent entre le 1er et le 3ème trimestre.

Lors du 1er trimestre, l’écosystème bactérien est comparable à celui de personnes saines non enceintes.

C’est seulement à partir du 2nd trimestre qu’un changement considérable est observable. Et celui-ci est encore plus important lors du dernier trimestre. Ces différences de composition s’observent en terme de richesse et de diversité bactérienne. Bien qu’il soit difficile de faire une généralité des espèces disparues (celles-ci différant d’une femme à une autre), certains genres bactériens augmentent. C’est le cas des Protéobactéries et des Actinobactéries. Ces genres bactériens sont fréquemment observés chez les personnes atteintes d’un syndrome métabolique ou d’obésité, notamment les Protéobactéries, qui sont associées à une inflammation. Ainsi, lors du dernier trimestre, le microbiote intestinal d’une femme enceinte est comparable à celui d’une personne en surpoids présentant un risque de diabète. Ces modifications ne sont bien entendu pas dangereuses pour la santé en cas de grossesse. Bien au contraire, ils sont bénéfiques car ces phénomènes sont supposés nourrir et aider au développement du fœtus.

… et le microbiote vaginal…

Le microbiote vaginal des femmes est en temps normal dominé par les Lactobacilles. Ce genre bactérien produit de l’acide lactique constituant une garantie de protection anti-infectieuse. Ils permettent de créer un terrain acide inhospitalier pour les bactéries et virus pathogènes.

La communauté microbienne vaginale varie au cours de la grossesse. En effet, tout comme le microbiote intestinal, le microbiote vaginal subit une perte de diversité et de richesse. Néanmoins, une augmentation de la proportion de Lactobacilles s’observe, due à la production d’hormones. Une production plus élevée d’œstrogènes libère davantage de glycogène. Ce dernier constitue une source d’énergie des Lactobacilles, mais aussi des levures pathogènes Candida albicans, ce qui explique la vulnérabilité accrue des femmes enceintes face aux mycoses.

… ainsi que le microbiote placentaire

Loin d’être stérile comme on l’a longtemps cru, le placenta abrite un écosystème bactérien participant à la croissance du fœtus. Ce microbiote est pauvre et peu diversifié mais pourrait contribuer à des fonctions primordiales de la grossesse, dont notamment l’immunité. Généralement, ce sont des bactéries aérobies retrouvées en faible quantité. 

Les femmes enceintes subissent de nombreux changements. Certains sont visibles car physiques, d’autres non, tels que la composition des différents microbiotes. Cette vaste armée de microbes sait s’adapter en toute circonstance afin de maintenir au mieux notre santé et celle du futur bébé.

LC

Références

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