Sujet souvent tabou, les fausses couches sont pourtant une épreuve à surmonter par de nombreuses femmes, de nombreux couples.

Généralement non expliquées, les fausses couches pourraient néanmoins trouver leur origine dans un déséquilibre du microbiote vaginal. C’est en tout cas une hypothèse avancée par une équipe de chercheurs chinois.

Que sont les fausses couches ?

Il s’agit d’un arrêt naturel de grossesse survenant au cours des 5 premiers mois. La majorité d’entre elles ont lieu au cours du premier trimestre. Une fausse couche se décèle par l’arrivée de pertes de sang vaginales (ou métrorragies), de crampes dans le bas ventre (correspondant à des contractions utérines) et par la disparition des signes de grossesse.

Nombreuses sont les femmes qui vivent une fausse couche au cours de leur vie. En effet, il s’avère que 23 millions de fausses couches se produisent chaque année dans le monde, ce qui représente 15% des grossesses.

Ainsi, près de 10,8% des femmes ont vécu une fausse couche. Certaines d’entre elles font également l’amère expérience de fausses couches récurrentes : 1,9% en ont fait deux et 0,7% en ont fait trois. (Quenby et al., 2021)

Dans une minorité de cas, les fausses couches s’expliqueraient par des anomalies génétiques, un dysfonctionnement endocrinien, ou une cause infectieuse. Mais le plus souvent, elle est complètement accidentelle et inexpliquée.

Le microbiote vaginal, un élément essentiel à la santé féminine

Le vagin abrite de nombreux microorganismes vivant en équilibre, indispensables au bien-être et à la santé des femmes. Un microbiote vaginal sain est dominé à 95% par des Lactobacilles. Ces bactéries ont un rôle protecteur contre les infections vaginales telles que les vaginoses bactériennes, les infections urinaires ou sexuellement transmissibles, les mycoses, considérées comme causes fréquentes de fausses couches.

Fort de ce constat, une équipe de chercheurs chinois a souhaité comprendre la répercussion potentielle du microbiote vaginal sur les fausses couches récurrentes.

Une étude clinique pour élucider l’impact du microbiote vaginal

20 femmes ont participé à l’étude entre Septembre 2016 et Mars 2017, parmi lesquelles 10 femmes ayant subi des fausses couches (FC) à répétition, et 10 autres femmes, servant de contrôle, considérées comme non concernées par ces troubles. Des prélèvements de sécrétions vaginales ont été réalisés afin d’analyser et comparer le microbiote vaginal de ces femmes.

Après séquençage, les communautés bactériennes des femmes FC et des femmes contrôle sont bien différentes. En effet, le microbiote vaginal des femmes FC était moins diversifié que celui des femmes appartenant au groupe contrôle. Par ailleurs, 3 phyla bactériens semblaient différer entre les groupes : une abondance plus importante en Firmicutes est à noter dans le groupe FC par rapport au groupe contrôle, alors qu’une diminution en Actinobacteria et Bacteroidetes est observée.

Concernant les genres bactériens, bien que les Lactobacilles restaient le genre dominant dans les deux groupes, une hausse des taxons Atopobium, Prevotella et Streptococcus et, surtout, une baisse des Lactobacilles sont constatées dans le groupe FC.

Une dysbiose vaginale semble bien exister chez les femmes FC.

Les chercheurs ont également remarqué des différences dans l’expression de certaines voies fonctionnelles des cellules comme le métabolisme des cofacteurs, des vitamines ou des glucides, bien que les résultats ne soient pas significatifs. Des recherches plus approfondies pour explorer ces faits seraient intéressantes à mener pour compléter ces résultats.

Le déséquilibre du microbiote vaginal : cause ou conséquence des fausses couches ?

Dans cette étude, les résultats suggèrent que la présence de troubles dans le profil bactérien vaginal chez les femmes victimes de fausses couches peut être soit une cause, soit une conséquence d’une composition altérée du microbiome vaginal. Cependant, il n’est pas possible à ce jour de statuer.

Les auteurs terminent leur article en décrivant certaines stratégies à considérer pour prévenir le développement de fausses couches avec notamment, un changement de mode de vie ou une supplémentation en probiotiques.

LC

Référence

ZHANG F, ZHANG T, MA Y, HUANG Z, HE Y, PAN H, FANG M, DING H. Alteration of vaginal microbiota in patients with unexplained recurrent miscarriage. Exp Ther Med. 2019, 17(5):3307-16