La pollution perturberait le microbiote intestinal selon une équipe de chercheurs de l’ Université du Colorado Boulder.

La pollution atmosphérique impacte négativement notre santé. Elle est d’ailleurs identifiée comme étant le 5ème facteur de risque de mortalité dans le monde. En effet, elle peut être responsable de maladies chroniques, notamment respiratoires. Cependant, nos poumons ne sont pas les seuls intoxiqués par l’air que nous respirons. Le microbiote intestinal le serait également.

Pollution et microbiote : la première étude menée sur l’homme

Selon des travaux sur le modèle animal, une exposition aux polluants atmosphériques pourrait modifier la composition du microbiote. Forts de ce constat, des chercheurs américains ont enrôlé une centaine de jeunes adultes Californiens en surpoids dans une étude pour vérifier ce résultat sur l’Homme.

Les principales explorations réalisées étaient :

  • La qualité de l’air du lieu de résidence des volontaires. Elle est étudiée via des stations de surveillance situées à proximité. Les données obtenues apportaient des indications sur l’exposition des sujets à l’ozone, aux particules et à l’oxyde nitreux.
  • La composition du microbiote intestinal. Elle est analysée par séquençage génomique à partir des échantillons fécaux recueillis.

L’ozone, le principal polluant incriminé

D’après le groupe de chercheurs, l’ozone était le principal polluant responsable d’une dysbiose du microbiote intestinal. Ce déséquilibre se manifestait par une perte de diversité et un nombre réduit d’espèces bactériennes. En effet près de 128 espèces bactériennes aurait été impactées. Certaines d’entre elles agiraient sur la sécrétion d’insuline, tandis que d’autres produiraient des métabolites comme des acides gras, intervenant dans le maintien de l’intégrité la barrière intestinale.

La respiration de ces polluants pourrait avoir des répercussions importantes sur la santé. Plusieurs études ont montré qu’une diversité bactérienne intestinale réduite était associée à différents troubles ou pathologies. Par exemple, ils seraient susceptibles d’accroître le risque d’obésité, de diabète de type 2, de troubles gastro-intestinaux et d’autres maladies chroniques.

Il est à noter que l’étude présente quelques limites. En effet, seul un prélèvement de selles par personne a été réalisé. Néanmoins, elle apporte des données majeures sur l’effet de la pollution sur le microbiote intestinal, et de ce fait, sur notre Danté. Des études complémentaires sont nécessaires pour compléter ces résultats. D’ailleurs, une étude visant à explorer l’impact de l’exposition prénatale ou précoce à la pollution atmosphérique sur le développement du microbiote intestinal chez 240 nourrissons est actuellement en cours.

La pollution est un enjeu sanitaire majeur. La réduire se révèle être indispensable si nous souhaitons protéger notre santé, mais aussi notre planète.

LC

Référence

FOULADI F, BAILEY WB, SIODA M, BLAKLEY IC, FODOR AA, JONES RB, CHEN Z, KIM JS, LURMANN F, MARTINO C, KNIGHT R, GILLILAND FD, ALDERETE T. Air pollution exposure is associated with the gut microbiome as revealed by shotgun metagenomic sequencing. Environ Int. 2020, 138:105604