Une teneur trop élevée de sel peut nuire à notre santé, et plus particulièrement à notre microbiote intestinal. C’est ce que montre une étude parue fin 2017 dans la célèbre revue Nature.

L’alimentation occidentale est généralement trop salée et nous consommons du sel beaucoup plus que nécessaire. En effet, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) estime qu’en France, les hommes consomment 10 g de sel par jour et les femmes 8 g, alors que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande de ne pas dépasser 5 g par jour.

Omniprésent dans nos assiettes il n’est pas toujours évident de l’éviter. Pain, fromage, et la très grande majorité des aliments transformés en contiennent. Mais quels impacts peut avoir une quantité de sel trop élevée sur notre santé, et plus précisément, sur notre microbiote intestinal ?

Il est déjà établi que le sel favorise le développement des maladies cardiovasculaires. Cependant, une alimentation trop salée déséquilibrerait également le microbiote intestinal, entrainant une dysbiose. Ceci a été démontré dans un premier temps chez les souris, soumises à un régime riche en sel. Il a été mis en évidence que la population de Lactobacilles, représentant un genre bactérien bénéfique pour notre santé, était fortement décimée. Et ce résultat serait en relation avec la hausse de la pression artérielle et des cellules immunitaires de type Th17. Or les Th17 sont des cellules corrélées à l’hypertension et à certaines maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques.

Par la suite, une partie des souris se sont vues administrer un probiotiqueLactobacillus murinus, en complément de leur régime hautement salé. Les chercheurs ont constaté que les effets néfastes étaient annulés par le probiotique : la pression sanguine et la quantité des cellules immunitaires de type Th17 diminuaient alors que la quantité de Lactobacilles augmentait.

Afin de vérifier si des effets similaires étaient observables chez l’homme, une étude pilote sur 12 hommes sains a été conduite. Ils devaient consommer 6 g de sel supplémentaires par jour pendant 2 semaines sans modifier leurs habitudes alimentaires. A la fin de l’étude, les Lactobacilles avaient pour la plupart disparu.

En trop forte quantité, le sel semble avoir des effets néfastes sur le microbiote intestinal, mais les mécanismes ne sont pas encore connus. Suite aux résultats obtenus dans ces études, les probiotiques pourraient représenter une voie d’action chez les personnes consommant trop de sel afin de limiter le risque de développer certaines pathologies cardiovasculaires ou auto-immunes.

LC

Référence

WILCK N, MATUS MG, KEARNEY SM, OLESEN SW, FORSLUND K, BARTOLOMAEUS H, HAASE S, MAHLER A, BALOGH A, MARKO L, VVEDENSKAYA O, KLEINER FH, TSVETKOV D, KLUG L, COSTEA PI, SUNAGAWA S, MAIER L, RAKOVA N, SCHATZ V, NEUBERT P, FRATZER C, KRANNICH A, GOLLASCH M, GROHME DA, CORTE-REAL BF, GERLACH RG, BASIC M, TYPAS A, WU C, TITZE JM, JANTSCH J, BOSCHMANN M, DECHEND R, KLEINEWIETFELD M, KEMPA S, BORK P, LINKER RA, ALM EJ, MULLER DN. Salt-responsive gut commensal modulates TH17 axis and disease. Nature. 2017, 551(7682):585-9