Psychobiotiques… Un terme séduisant laissant entendre une amélioration de l’état mental par la consommation d’ingrédients d’intérêt. Récentes recrues dans le monde des « Biotiques », il n’est toutefois pas aisé de les cerner. Comment se définissent-ils ? Comment agissent-ils ? Quels intérêts pour la santé ?
Les psychobiotiques : un concept émergent
Ce n’est que récemment, en 2013, que le terme « psychobiotique » voit le jour. Ses créateurs, le Professeur Ted Dinan, psychiatre clinicien, et le Professeur John Cryan, neuro-scientifique les définissent comme « un organisme vivant qui, lorsqu’il est ingéré en quantité adéquate, produit un bénéfice pour la santé chez les patients souffrant de maladies psychiatriques ». À cette époque, ils n’appliquaient la définition qu’à un sous-ensemble de probiotiques.
Par la suite, les deux scientifiques et leurs collègues ont proposé d’élargir leur définition en 2016 à toute autre substance susceptible de modifier le microbiome dans le but d’améliorer la santé mentale, et ce, même indirectement. Selon ces nouvelles données, seraient désormais inclus :
- Les prébiotiques, capables de favoriser la croissance des bactéries conférant des bienfaits à la santé mentale. Parmi eux, des FOS, des GOS…
- Les symbiotiques, associant pré- et probiotiques à potentiels psychobiotiques.
De plus, il a également été envisagé de l’étendre aux compléments alimentaires, aux antibiotiques, aux antipsychotiques, à l’exercice physique… ou tout autre paramètre qui serait capable d’agir sur les bactéries à effet « psychiatriques ».
Pourtant, les études actuelles semblent principalement s’intéresser aux pré- et probiotiques psychobiotiques.
Quels sont leurs mécanismes d’action ?
Nul besoin de préciser que tous les prébiotioques et probiotiques ne peuvent prétendre être des psychobiotiques.
En effet, les bactéries psychobiotiques produisent et stimulent des molécules spécifiques qui manipulent les signaux entre l’intestin et le cerveau via le nerf vague pour aider à améliorer le profil psychologique des consommateurs. Les mécanismes d’action ne sont cependant pas encore entièrement élucidés. Néanmoins, ils seraient capables de produire et métaboliser une large gamme de :
- Neurotransmetteurs, comme la sérotonine, l’acide gamma-aminobutyrique, la dopamine, la noradrénaline et l’acéthylcholoine ;
- Substances neuroactives, telles que la mélatonine, l’acide kynurénique et l’acide quinolinique ;
- Cytokines (augmentation des anti-inflammatoires et réduction des pro-inflammatoires) ;
- Acides gras à chaines courtes : propionate, butyrate, lactate, acétate.
Ces actions peuvent également indirectement se réaliser via la consommation de prébiotiques, en augmentant la croissance des bactéries commensales influençant l’état mental.
Quels sont les intérêts des psychobiotiques ?
Les psychobiotiques représentent un potentiel thérapeutique non négligeable. Agir sur les bactéries responsables de la santé psychique pourrait permettre la gestion de troubles et maladies mentales, allant de la simple saute d’humeur aux pathologies graves comme les maladies de Parkinson ou d’Alzheimer.
Ainsi, les preuves scientifiques soulignent leurs bienfaits en cas de troubles :
- Psychiques : changement d’humeur, stress, anxiété, dépression, insomnie ;
- De neuro-développement : autisme, trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), syndrome de Gilles Tourette ;
- Neuro-dégénératifs : maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer
Les psychobiotiques représentent un réel intérêt thérapeutique dans le cadre de la santé mentale. Des publications récentes apportent des résultats encourageants, ouvrant l’espoir d’une amélioration des troubles psychiques par la manipulation du microbiote intestinal, acteur privilégié dans la communication intestin-cerveau. De nouvelles études sur le sujet sont bien évidemment attendues afin de clarifier les modes d’action de ces pré- et probiotiques prometteurs.
LC
Références
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