Les probiotiques : une aide en cas de rhinite allergique ?

La rhinite allergique affecte un quart des Français. Les probiotiques peuvent-ils venir à la rescousse de ces personnes pour les soulager ?

Qu’est-ce que la rhinite allergique ?

La rhinite allergique (RA) est la manifestation la plus courante de l’allergie respiratoire. Elle survient :

De manière saisonnière : « rhinite saisonnière » ou « rhume des foins » ;
Ou tout au long de l’année « rhinite persistante » ou « rhinite peranuelle ».

La RA est l’une des pathologies les plus répandues dans le monde. En effet, elle affecte en moyenne 20 à 30% des adultes et jusqu’à 40% des enfants.

C’est une maladie inflammatoire importante du fait de sa forte prévalence, de son impact sur la santé et des coûts qu’elle occasionne.

Une intervention médicamenteuse est souvent nécessaire pour améliorer la RA. Cependant, les traitements conventionnels sont associés à des effets indésirables. Ils sont également coûteux, longs et ne proposent qu’une résolution partielle des symptômes.

C’est pourquoi de nouvelles stratégies sont à considérer via une approche préventive comme la prise de compléments alimentaires, plus facile d’accès et présentant un coût moindre.

Plus particulièrement, ceux à base de probiotiques grâce à leurs effets reconnus sur le système immunitaire (SI). En effet, les probiotiques peuvent présenter de réels intérêts dans la gestion des RA, en plus de rééquilibrer le microbiote intestinal et de renforcer l’effet barrière, .

Quels sont les symptômes de la rhinite allergique ?

La RA est la conséquence d’une réponse anormale et excessive du SI, consécutive au contact à un allergène, habituellement inhalé. L’allergène est une substance étrangère de notre corps, généralement inoffensive et présente dans l’environnement (pollen, phanères, acariens ou moisissures).

Chez les personnes allergiques, et à cause de prédispositions génétiques, le SI est comme désorienté.

Les symptômes caractéristiques qui en découlent sont :

Les éternuements à répétition ;
La rhinorrhée ;
L’obstruction nasale ou des sinus ;
Le prurit nasal ;
Le gonflement des yeux ;
Des larmoiements.

La maladie peut évoluer et ce, de manière très variable en fonction des individus. Elle peut régresser spontanément ou se compliquer par des infections, une chronicité ou de l’asthme.

La RA, bien que généralement bénigne, a des répercussions non négligeables sur la qualité de vie :

Troubles du sommeil ;
Absence à l’école ou au travail ;
Perte de productivité…

Quel est le lien avec le microbiote intestinal ?

Différentes théories peuvent expliquer l’augmentation de la prévalence la RA au cours des dernières années, notamment dans les pays développés. Ces causes possibles peuvent être :

La modification des modes de vie (tabagisme, habitudes alimentaires, croissance de l’urbanisation et de la pollution…)
La théorie hygiéniste (basée sur l’augmentation du niveau d’hygiène, impliquant une baisse de contacts avec des micro-organismes au cours de l’enfance) seraient

De ce fait, la RA pourrait être liée à une modification de l’implantation des bactéries intestinales au cours de la petite enfance, considérée comme une période importante pour le développement du SI. Près de 70% des cellules immunitaires sont localisées dans l’intestin, et la mise en place d’un microbiote intestinal sain est donc crucial pour la formation du SI.

De plus, la comparaison des microbiotes intestinaux de personnes atteints de RA à celui de personnes en bonne santé montre une dysbiose du microbiote intestinal. Les personnes avec une RA ont un profil microbiologique intestinal distinct, marqué par une diversité microbienne réduite et une composition modifiée en certains micro-organismes intestinaux :

Abondance de Bacteroidetes plus importante ;
Abondance plus faible de Firmicutes sont observées chez les personnes atteintes d’une RA.

Cette modification de rapport peut engendrer une réduction de production de butyrate et donc affecter l’intégrité de la barrière intestinale. Il est à noter que les personnes souffrant de maladies allergiques ont une barrière intestinale altérée, se manifestant par une hyperperméabilité. L’intestin permet le passage de substances exogènes comme les allergènes qui, dans des conditions normales, ne pénétreraient pas avec une barrière préservée.

Cette étroite relation existante entre le microbiote intestinal et la RA laisse penser qu’une modulation du microbiote intestinal par l’apport de probiotiques serait envisageable pour prévenir la RA.

Quelle est la place des probiotiques dans la gestion de la RA ?

Les traitements actuels

À l’heure actuelle, la prise en charge de la RA comprend :

L’éviction de l’allergène ;
Les traitements médicamenteux (antihistaminiques, décongestionnants et corticostéroïdes intranasaux) pour soulager les symptômes ;
L’immunothérapie allergénique (ITA) ou désensibilisation, consistant à habituer l’organisme à l’allergène : le corps développe une accoutumance lorsque celui-ci est mis en présence de quantités croissantes de la substance.

Cependant, ces médicaments :

Ont un coût relativement élevé,
Présentent un risque de développer des effets indésirables
Se concentrent sur le contrôle des symptômes, sans une résolution complète de ceux-ci.

Les probiotiques, une alternative potentielle

Parmi les pistes alternatives, et au vu de l’implication du microbiote intestinal dans la RA, les probiotiques pourraient être plus rentables et présenter un réel intérêt dans la prévention et la gestion des symptômes de la RA.

Généralement, les probiotiques sont reconnus pour moduler la composition du microbiote intestinal et interagir avec les muqueuses et le SI, permettant ainsi de restaurer l’étanchéité du microbiote intestinal, de réguler la réponse inflammatoire et de renforcer les défenses de l’organisme.

Ces mécanismes d’action ne sont pas totalement élucidés dans la RA. Néanmoins, les probiotiques pourraient moduler l’immunité en améliorant l’équilibre des réponses immunitaires par la régulation de médiateurs de l’inflammation comme les cytokines.

Plusieurs revues donnent un aperçu des effets des probiotiques chez les personnes atteintes de RA.

Ainsi, les probiotiques permettent de :

Améliorer la qualité de vie des enfants et adultes ;
Diminuer les symptômes associés tels que les symptômes oculaires (larmoiements, conjonctivite…) et nasaux (congestion, écoulement…) ;
Moduler favorablement certains marqueurs immunitaires, en améliorant l’inflammation ;
Contribuer à réduire la dose des médicaments concomittants.

Les probiotiques semblent donc d’intérêt dans la gestion de la RA. Ils ont montré leur capacité à diminuer la sévérité de la maladie en réduisant les symptômes et l’inflammation, améliorant ainsi la qualité de vie des personnes atteintes de RA, et ce, sans effets indésirables.