L’activité physique est associée à de multiples bienfaits sur les plans musculaire, cardiovasculaire, osseux… Et il semblerait qu’elle soit également bénéfique pour la santé intestinale. À l’inverse, le microbiote intestinal semble améliorer les performances physiques.
Impact du microbiote sur les performances sportives
Et si certaines bactéries intestinales contribuaient à améliorer les performances sportives ?
Des chercheurs ont découvert une bactérie : Veillonella atypica, capable d’augmenter les performances des sportifs. Elle est d’ailleurs retrouvée en grande quantité dans les échantillons fécaux des coureurs de marathon.
Lorsque le muscle des athlètes a consommé toutes ses réserves de glycogène, il fermente pour produire de l’énergie, fabriquant un déchet appelé lactate. Cette molécule est produite en respiration anaérobie et est à l’origine de la douleur causée par la raideur après un exercice intense.
Selon les scientifiques, Veillonella est responsable du métabolisme du lactate. Elle l’utilise pour générer de l’énergie, transformant le lactate en acide gras à chaîne courte (AGCC). Ces derniers seront utilisés par les muscles comme source d’énergie.
Une expérience a d’ailleurs montré que lorsque des souris recevaient un probiotique à base de Veillonella, elles couraient 13% plus longtemps.
Lorsque le microbiote intestinal est équilibré, certaines bactéries présentes permettent :
- Le transport de liquides et de solutés à travers la barrière intestinale et donc le maintien de l’hydratation, essentielle lors d’un effort physique ;
- La fermentation des fibres, les transformant en acides gras à chaîne courte (AGCC), servant de carburant de secours aux muscles pendant l’effort. De plus, les AGCC réduisent l’inflammation causée par un effort physique intense ;
- La production de molécules qui stimulent la libération de dopamine (hormone du plaisir et de la motivation) pendant l’activité physique.
Un microbiote déséquilibré contribue à l’inflammation globale de l’organisme, ce qui affecte la capacité de récupération musculaire.
C’est pourquoi prendre soin de sa flore intestinale est conseillé afin d’augmenter ses performances physiques. En effet, une étude a révélé qu’une supplémentation en probiotiques de quatre semaines a retardé le temps de fatigue des athlètes de 16 % en moyenne lors d’un test sur tapis roulant.
Impact de l’activité physique sur le microbiote intestinal
À l’inverse, la pratique d’une activité physique a un impact positif sur la santé intestinale :
- Augmentation de la diversité du microbiote en bactéries bénéfiques ;
- Renforcement de la muqueuse qui tapisse les parois du tube digestif ;
- Amélioration de la motilité gastro-intestinale (contractions des muscles du tube digestif nécessaires pour y faire progresser les aliments) ;
- Amélioration du transit intestinal ;
- Hausse de la synthèse de molécules qui modulent l’immunité (AGCC).
2h30 d’activité physique par semaine suffisent pour obtenir un bénéfice intestinal. En effet, l’amélioration de la diversité et de la richesse du microbiote est davantage liée au nombre d’heures consacrées à l’activité physique qu’à l’intensité de celle-ci.
Il semblerait même que pratiquer une activité physique modérée réduirait efficacement les symptômes du syndrome du côlon irritable (SCI).
Le microbiote intestinal des athlètes se révèle plus diversifié. Il est notamment plus riche en bactéries bénéfiques (Bifidobacterium, Lactobacilli et Akkermansia) et produirait davantage d’acides gras à chaîne courte (AGCC).
Cependant, 90% des sportifs participant à des épreuves d’ultra-endurance sont concernés par des troubles digestifs. En effet, leur organisme s’organise pour apporter l’oxygène nécessaire aux muscles, via la circulation sanguine, au détriment du système digestif. De plus, le système nerveux sympathique, impliqué dans l’accélération du rythme cardiaque, affecte le transit intestinal. Ce double mécanisme explique les douleurs, nausées et diarrhées ressenties.
Néanmoins, même si ces inconforts sont de courte durée, ils provoqueraient une altération de la composition et de la fonction du microbiote intestinal. Plus l’activité physique sera intense, plus la dysbiose sera rapide et profonde, entrainant une perméabilité intestinale accrue. De nombreuses toxines bactériennes et/ou molécules pro-inflammatoires pourraient alors pénétrer dans l’organisme et impacter la santé globale du sportif.
Pour conclure, le sport a une incidence positive sur la quantité, mais également la qualité du microbiote. Toutefois, pas besoin d’activité physique trop intense pour bénéficier de ses bienfaits, 2h30 par semaine suffisent. Au contraire, à trop haute intensité, le sport peut avoir un effet délétère sur la santé intestinale.
PP
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