Les entérotypes permettent de classer les individus en fonction de leurs bactéries intestinales.

Les espèces bactériennes abritées au sein du tractus digestif sont combinées et réparties de façon unique chez chaque être humain. Ainsi chaque personne possède un microbiote qui lui est propre.

Néanmoins, dans le cadre du projet européen MetaHit (2008 et 2012), des chercheurs ont réussi à identifier et caractériser trois grands phénotypes différents de microbiotes, appelés entérotypes. Ils peuvent être assimilés à une signature bactérienne, à l’image des groupes sanguins.

Contrairement aux groupes sanguins qui restent immuables tout au long de la vie, les entérotypes, bien que relativement stables au cours du temps, peuvent évoluer. Un changement de régime alimentaire ou la prise de médicaments comme des antibiotiques pourraient avoir une influence à très long terme. Ils seraient néanmoins indépendants des caractéristiques ethniques, géographiques ou génétiques.

3 entérotypes différents

Ainsi, chaque entérotype se distingue selon une population bactérienne prédominante, chacun étant capable de digérer un type spécifique de nutriments :

  • L’entérotype 1, dominé par Bacteroïdes. Il est généralement associé à une alimentation occidentale, c’est-à-dire riche en protéines animales et en graisses saturées. Les Bacteroides permettent la synthèse de la biotine (vitamine B8).
  • L’entérotype 2, caractérisé par l’abondance de Prevotella, serait davantage lié à une alimentation riche en glucides complexes et fibres (régime de type « végétarien). Il synthétise la thiamine (vitamine B1) et dégrade des glycoprotéines de mucines.
  • L’entérotype 3, dominé par Ruminococcus est quant à lui, l’entérotype le plus couramment retrouvé. Il permet de synthétiser l’hème permettant le transport de l’oxygène dans le sang. Tout comme Prevotella, Ruminococcus est également capable de dégrader les mucines.

 

Cette classification pourrait expliquer pourquoi les effets de certains aliments ou médicaments varient d’une personne à l’autre. De plus, elle pourrait aider à déceler les personnes à risque ; à faciliter le diagnostic de diverses maladies comme le diabète ou l’obésité mais aussi à adapter les conseils médicaux et diététiques en fonction de l’individu.

LC

Références

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