Le microbiote intestinal est un point critique de notre bien-être et notre santé. Nous savons en effet, que de nombreuses pathologies ou inconforts peuvent en découler si celui-ci est déséquilibré.

Il est également acquis que les intestins et le cerveau sont étroitement liés, le microbiote intestinal étant un acteur majeur garant de la bonne communication entre ces deux organes.

Nous connaissons aussi l’implication des intestins et du microbiote intestinal dans l’immunité : près de 70% des cellules immunitaires sont hébergées par nos intestins et un microbiote sain limite la prolifération d’agents néfastes dans notre organisme.

Mais savez-vous que le microbiote intestinal impacte le rôle de cellules immunitaires présentes dans le cerveau ? Et que les effets sont inégaux en fonction de l’identité sexuelle et de l’âge ?

Notre cerveau n’est pas seulement composé de neurones, mais aussi de microglies. Ces cellules immunitaires dynamiques, de petites tailles en forme d’étoile, sont apparentées à des macrophages qui résident dans notre cerveau. Les microglies constituent la première ligne de défense. Après avoir sonder leur environnement et détecter une lésion ou une infection bactérienne, elles se rassemblent et migrent vers le dysfonctionnement où elles vont digérer les microorganismes, les débris et les neurones morts. Les microglies contribuent également au développement et au fonctionnement du cerveau en régulant la mise en place, le maintien et la survie des connexions nerveuses.

Néanmoins, lorsque les microglies sont perturbées, elles sont associées à l’apparition de pathologies développementales et neurogénératives comme les troubles du spectre autistique (TSA), la schizophrénie, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et des maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques. Et le microbiote intestinal tiendrait sa part de responsabilité dans ces perturbations.

C’est ce que démontre une étude menée par Thion et ses collaborateurs.

En effet, après analyse des microglies de fœtus de souris, il a été mis en évidence que l’absence de microbiote chez la mère modifiait l’expression des gènes et diminuait l’effet protecteur de ces cellules.

Autre fait surprenant, en fonction de l’identité sexuelle et du stade de vie, les cellules immunitaires du cerveau étaient impactées différemment. Les microglies des embryons mâles étaient très perturbées contrairement aux microglies femelles ; et inversement au stade adulte, où les perturbations impactaient préférentiellement les femelles aux mâles. Ces observations ont été également visibles sur des microglies de tissus humains.

Ceci laisse entendre que les effets sur les microglies sont donc réversibles et qu’elles sont capables de récupérer en fonction de l’environnement ; qu’il existe des différences dès le stade fœtal suite à une perturbation du microbiote intestinal se traduisant par une interprétation différente des signaux (alors que dans de nombreuses études, les chercheurs considéraient qu’il n’y avait pas de différence entre les sexes à ce stade).

Cette étude pourrait nous permettre de mieux comprendre l’impact du microbiote intestinal sur certaines maladies et nous aider à trouver des éléments de réponses aux questions suivantes : « pourquoi les hommes sont-ils plus susceptibles d’être touchés par la schizophrénie ou l’autisme » ou « pourquoi les femmes sont-elles davantage sujettes à la sclérose en plaques »?

LC

Référence

THION MS, LOW D, SILVIN A, CHEN J, GRISEL P, SCHULTE-SCHREPPING J, BLECHER R, ULAS T, SQUARZONI P, HOEFFEL G, COULPIER F, SIOPI E, DAVID FS, SCHOLZ C, SHIHUI F, LUM J, AMOYO AA, LARBI A, POIDINGER M, BUTTGEREIT A, LLEDO PM, GRETER M, KOK YEN CHAN J, AMIT I, BEYER M, SCHULTZE JL, SCHLITZER A, PETTERSSON S, GINHOUX F, GAREL S. Microbiome influences prenatal and adult microglia in a sex-specific manner. Cell. 2018, 172(3) : 500-516